Pierre ALECHINSKY

Pierre ALECHINSKY


Pierre Alechinsky est né à Bruxelles, le 19 octobre 1927.

Dans les années trente, on obligeait les gauchers à écrire de la main droite. La meilleure main d’Alechinsky, les éducateurs la lui laisseront pour les travaux « de moindre importance » : le dessin, échec scolaire consommé, il suivra les cours d’illustration et typographie — l’architecture du livre — de 1944 à 1948 à l’école nationale supérieure des Arts décoratifs, La Cambre, Bruxelles. indépendamment il se met à la peinture.

1946, premier « voyage » d’après guerre, de Bruxelles à la Méditerranée en auto stop. L’année suivante, il entre au groupe Jeune Peinture belge. Première exposition personnelle à Bruxelles, galerie Lou Cosyn, lieu où vont et viennent des surréalistes de la première heure : Camille Goemans, Marcel Lecomte, René Magritte. Puis il s’embarque pour la Yougoslavie sur un cargo à Anvers, pose des rails en Bosnie et photographie au Leica un pionnier du documentaire, Joris Ivens sur le tournage d’un film.
1948, rencontre, Michèle Dendal (Micky), qu’il épousera l’année suivante.
1949, Alechinsky rejoint CobrA (Copenhague-bruxelles-Amsterdam), mouvement prônant la liberté, la spontanéité, l’expérimentation, fondé en novembre 1948 à Paris par deux belges, Christian Dotremont et Joseph noiret, un danois, Asger Jorn, et trois hollandais, Karel Appel, Constant et Corneille.
Il ouvre aux Ateliers du Marais, maison communautaire à Bruxelles, un Centre de recherche pour CobrA et, à Amsterdam, au stedelelijk Museum que dirige Willem Sandberg, participe à la première exposition internationale d’art expérimental CoBrA
1950, pour « Les Mains éblouies », exposition annuelle de jeunes artistes, Aimé Maeght l’envoie chez Fernand Mourlot dessiner sur une pierre lithographique la couverture du n° 32 de Derrière le Miroir. Premier voyage à Copenhague, où il expose au salon Spiralen.
1951, fin de CobrA. et pour cause : atteints de tuberculose, Dotremont et Jorn hospitalisés au Danemark chargent Alechinsky d’organiser la Deuxième [et dernière] exposition internationale d’art expérimental CoBrA au Palais des Beaux-Arts de Liège. en novembre.
Pierre et Micky Alechinsky s’installent à Paris. ils fréquentent Victor Brauner, Alberto giacometti, Wifredo Lam, Jacques Putman, Raoul Ubac, Bram van Velde.
1952, auprès de stanley William hayter (à l’Atelier 17), Alechinsky perfectionne sa technique de graveur. Après un premier séjour dans le Midi à tourrettes-sur-Loup, il grave Racines : une eau- forte à compartiments qui annonce les « remarques marginales ».
Relation épistolaire avec Shiryu Morita, directeur à kyoto d’une revue de « calligraphes d’avant-garde » : Bokubi.
en 1954, il fait la connaissance du peintre chinois Walasse ting qui lui indiquera une manière plus directe, chinoise, de manier le pinceau : le papier posé au sol, l’encrier à la main, le corps entier mobilisé.
en 1955, il s’embarque pour l’extrême-orient. La ligne Marseille-yokohama des Messageries Maritimes : Port saïd, Djibouti, Colombo, singapour, saïgon, Manille, hong-kong. il en rapporte un film, Calligraphie Japonaise. Cette même année, il peint Paysage regardant et henri Langlois lui commande une encre murale pour la Cinémathèque française.
1957, Pierre Alechinsky, alors agé de 30 ans, entreprend de grands formats, Prendre jour, Murs d’oiseaux. il coopère à la revue Phases, au Daily bul, entre au comité directeur du salon de Mai et signe un contrat avec la galerie de france.
Á partir de 1961, nombreux séjours à new york. Walasse ting installé à Manhattan l’invite à utiliser son atelier et, fort à propos, lui conseille en 1965 un nouveau medium qui lui conviendra bien : l’acrylique. C’est l’année d’une œuvre cruciale : Central Park, sa première peinture à « remarques marginales ». L’image centrale est entourée d’une série de vignettes dont l’interaction travaille de manière énigmatique et fascinante.
André Breton choisit Central Park pour L’écart absolu : « XIe [et dernière] exposition internationale du surréalisme ».

Abandon progressif de l’huile pour ce nouveau médium, qu’il utilise sur papier à maroufler sur toile, de préférence des papiers d’orient ou d’un autre temps : manuscrits, registres, cartes de navigation. feuilles de rêve pour le « pinceau voyageur ». fréquents séjours dans le Midi. Á Grimaud, de passage en 1967 chez Jacques et Andrée Putman, il peint à l’encre de Chine La Déchirure.
De 1966 à 1969, s’installant dans l’ancien atelier du peintre francis tailleux au tholonet, non loin d’Aix-en-Provence, il peint Les Trompettes de la similitude, Au Tholonet, La Flamme verte, Sous le feu (première peinture avec une prédelle), Le Tour du sujet auquel en 1968 s’ajouteront des marginalia, et dessine Le tout venant : « journal déplié », sorte de « cadavre exquis » avec soi-même qu’il accompagnera d’un texte mi-rêveur, mi-descriptif.
1969, rétrospective Alechinsky au Palais des beaux-Arts deBbruxelles, reprise notamment au Kuntsverein de Düsseldorf et au Lousiana, près de Copenhague.
1970, Luc de heusch filme “Alechinsky d’après nature”, soutenu par une improvisation musicale de Michel Portal.

Le musée Cantini marque en 1975 le départ à Marseille d’une exposition itinérante organisée par le Centre Georges Pompidou : « Alechinsky à l’imprimerie ». L’année suivante, à saint-rémy de Provence, il peint la "Suite des Bouches du Rhône".
« Ah, il faut de la patience ! », avait constaté en 1976 la gouvernante de l’hôtel apercevant accrochées aux poutres de la chambre une dizaine de banderoles à l’encre de Chine qui séchaient dans le courant d’air, comme des bannières, porte entrebâillée et fenêtre ouverte sur les Alpilles.
Dans Far Rockaway (fata Morgana éditeur, Monpellier 1976) Pierre Alechinsky évoque son père, un réfugié russe venu de Crimée, débarquant dans les années vingt à Marseille.
Pour l’ensemble de son œuvre, il reçoit en 1977 le prix Andrew W. Mellon (ex Prix Carnegie) assorti d’une rétrospective au Museum of Art, Carnegie institute à Pittsburg. en introduction au catalogue de l’exposition, eugène ionesco écrit « Alechinsky est à la fois le peintre, la canne à pêche avec son hameçon, l’eau de la rivière et les poissons qui s’y trouvent. Je m’aperçois que je viens de dire tout simplement que son œuvre fait la synthèse, non je n’aime pas ce mot-là, fait la réunion de l’intérieur et de l’extérieur. L’intérieur et l’extérieur se heurtent dans son travail et ont l’air d’en sortir, l’un et l’autre, cabossés. Ce “cabossage” si je puis dire est le résultat du mélange... »
1978, il entre à la galerie Maeght, qui deviendra en 1987, avec Jacques Dupin et Jean Frémon, la galerie Lelong. Le Cabinet d’art graphique du Centre Pompidou présente une première donation de ses dessins.
1979, en Arles, Catherine Putman-Béraud l’expose avec le sculpteur Reinhoud à la Chapelle de la charité.
Installation à New-York d’un atelier qu’il gardera jusqu’en 1994.

Avec Hans Spinner à la fondation Maeght, Saint Paul de vence, il réalise en 1980 ses premiers travaux de céramique et plus tard, à Grasse dans l’atelier de la galerie Lelong, toujours avec Spinner : pierres de lave émaillées et infeuilletables, livres en grès ou porcelaine.
1980, en pensant à son père mort en 1973, il peint La mer noire.
1981, « A Print retrospective » au Museum of Modern Art, new york.
1982, il inverse la méthode pratiquée pour Central Park. Le sujet central sera traité en noir, les marges jusqu’ici vouées aux dessins cloisonnés deviennent d’un seul tenant une bordure en couleur. viendront alors Roue d’herbe, Victoire minérale.
De 1983 à 1987, il dirige un atelier de peinture à l’ecole nationale supérieure des beaux-arts, Paris.
1984, à l’abbaye de Sénanque, Gordes, Frontières et bordures - les encres sur cartes de navigation aérienne et les peintures à bordure. Á Grasse : Album et bleu, un monument en laves émaillées qui sera dressé en forme de livre ouvert dans le parc de l’université de Liège.
Margin and Center : rétrospective en 1987 au Solomon R. Guggenheim Museum, New York, qui voyagera à Hanovre, puis à Bruxelles.
Alechinsky s’ancre davantage dans le midi. Arles lui inspire ses premiers estampages sur « pièces du mobilier urbain ». Les « couvercles de trou d’homme », l’accès aux eaux usées, Arène, suivi de Soleil tournant et Remparts.
1988, installation d’un atelier dans un mas provençal, au Paradou près de Maussane, où plusieurs fois par an il vient « peindre, dessiner, graver, écrire, marcher, dormir ». frappé en 1989 par l’incendie catastrophique de la montagne sainte victoire, il invente des fantômes d’arbre : L’incendie du froid.
1990, le musée réattu en Arles, expose Alechinsky sur Rhône.

Commandes pour édifices publics. en 1991, construction à Alès d’une longue prédelle en lave émaillée pour le perron du Musée bibliothèque Pierre André Benoît.
1992, il décore l’entrée du Ministère de l’éducation nationale. 1993, dans la petite rotonde de l’Assemblée nationale, peinture murale sur une pensée de Jean tardieu, Les hommes cherchent la lumière dans un jardin fragile où frissonnent les couleurs.
1995, laves émaillées accompagnant un poème d’Hugo Claus au Centre universitaire d’Anvers.

Extrait de l'exposition de l'artiste au Musée d'Aix en Provence. "Les Ateliers du Midi"

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